Rentrée oblige, la rubrique de l'entrretien reprend son cours
Aujourd'hui je vous présente les créations "Couleurs Zaouli". C'est Christine, sa créatrice, qui répond à mes questions.
Carolina León Firrell : Décrivez votre travail
C : Je conçois et réalise des parures-bijoux constituées de cocktails de matières : pierres (y compris précieuses lorsque je le sens comme ça), murine de pâte polymère, étoffes de soie (velours, mousseline…), cristal Swarovski, perles , fibres variées (bambou, laines brutes …) Les pièces vont des petits pendants d’oreilles aux colliers très imposants. J’utilise également des techniques liées au textile. J’adore jouer à la sorcière dans mon atelier en mêlant tout ça pour créer des mini mondes.
CLF : Comment décririez-vous les personnes qui achètent vos créations?
C : Il s’agit de femmes aussi bien jeunes que moins jeunes, aimant les objets qui signent une silhouette et un style de façon affirmée, plus femmes que femmes-enfants, qui assument une identité visuelle forte et raffinée. Ce sont généralement des femmes amatrices de pièces artistiques.
Viennent aussi des hommes, qui souhaitent offrir un objet en prenant le risque de sortir des schémas classiques. Ma clientèle comprend aussi des collectionneurs temporaires (qui stockent et offrent plus tard, lorsqu’ils sont décidés à se séparer des objets), ou permanents.
CLF : Quel est le regard des gens sur vos créations ?
C : Les regards sont rarement indifférents : soit négatifs, soit positifs. Je vois souvent les gens plonger dans mes bijoux, chercher l’histoire qui est tapie dedans, imaginer le chemin parcouru par mes yeux et ma main, puis sourire. C’est extrêmement touchant, à chaque fois.
CLF : Vos sources d’inspiration ?
C : Ce sont plus souvent des torrents que des sources ! Tout simplement car derrière le jaillissement spontané ou provoqué d’une idée se profile toute l’arborescence des possibles interprétations de cette idée.
Du point de vue humain, les échanges (conversations) improvisés avec des amis (créateurs parfois, mais pas seulement) me nourrissent, cela fait jaillir les idées.
Le monde végétal est celui qui m’attire le plus, il me happe même parfois, il représente tellement le vivant à mes yeux ! Les écorces des arbres me fascinent, les fleurs également, mais aussi les poissons et les oiseaux exotiques, les nudibranches, ainsi que des tas de bestioles microscopiques dont je ne connais pas le nom. Les cultures lointaines aussi me font naître des déclics, je pense à la carte postale d’un édifice Malien qu’un ami lui-même Malien vient de m’envoyer : en découvrant sa signification, j’ai souhaité l’interpréter en collier. En fait ce serait plus court si je disais ce qui ne représente pas une source d’inspiration. Même certaines personnes qui ont été mes ennemis peuvent m’inspirer : je me sers de ce que j’ai vécu grâce à elles pour en faire jaillir du beau.
CLF : Pouvez-vous décrire en un mot dans quel état vous êtes en faisant votre travail ?
C : Le mot approprié est à la fois le plus simple et le plus compliqué : « heureuse ».